Parfois, je me demande si notre métier de journaliste sert bien à quelque chose (6 mois d'écart entre les deux articles).
TrĂšs chouette travail, merci !
Mais la richesse des rencontres, la splendeur des paysages, le plaisir de la découverte de tant de belles histoires dépassent de loin toutes ces mésaventures. Cela valait mille fois le coup.
J'ai mangĂ© des criquets grillĂ©s Ă la poĂȘle au Vietnam, mĂąchĂ© du khat en Ethiopie, je me suis fait agresser Ă Managua, racketter mes dollars au Venezuela, voler mon portable Ă Addis-Abeba (vite rĂ©cupĂ©rĂ©), ma prise d'ordinateur a grillĂ© en Ouganda, j'ai eu une oreille bouchĂ©e une semaine au PĂ©rou.
Je souhaite Ă tout journaliste de faire une enquĂȘte d'un an et de savourer ensuite, un an aprĂšs, la qualitĂ© de la matiĂšre trouvĂ©e. C'est une sensation merveilleuse de se dire qu'on a aussi bien bossĂ©, peut-ĂȘtre jamais aussi bien bossĂ© de sa vie.
Dans de larges parts de l'Ouganda, la femme doit s'agenouiller lorsqu'elle salue un homme. Elle reste ainsi une vingtaine de secondes. Il ne m'appartient pas de juger des coutumes si diffĂ©rentes des miennes, mais j'avoue mon malaise Ă chaque fois que ça se produit. Je ne sais plus oĂč me mettre.
J'ai une passion pas trĂšs secrĂšte pour les livres de journalistes. Il y a la caste des intouchables, les Svetlana Alexievich, David Grann, David Van Reybrouck, Joseph Kessel. Mais celui-ci qui m'Ă©blouit le plus reste Kapuscinski. Des textes empathiques, profonds, sincĂšres, sans Ă©pate. C'est fou.
Les meilleurs journalistes, ceux qui font les plus dures enquĂȘtes au long cours, se voient refuser la carte de presse parce qu'ils ne sont pas affiliĂ©s Ă une rĂ©daction. Cela en dit tellement sur la conception mĂ©diocre et lĂąche du journalisme en France.
âTĂ©lĂ©ramaâ a publiĂ© mardi 16 janvier lâappel de prĂšs de deux cents journalistes Ă revoir les conditions dâobtention, toujours plus exigeantes, de la carte de presse. Trois dâentre eux ...
AprĂšs huit mois sous les tropiques, je viens enfin de comprendre que cette plante que je vois partout et qui ressemble Ă du cannabis est du manioc. Mieux vaut tard que jamais.
Je viens de voir un film français de 1971 oĂč des gamins de la grande bourgeoisie maltraitent les bonnes, lisent les existentialistes en se croyant plus malins que les autres, oĂč la mĂšre couche avec son fils, dans une ambiance lĂ©gĂšre de jazz snob et de franches rigolades. C'Ă©tait pas mieux avant.